Focus | 13 mises au point concernant la question du « fait photographique »

Excès d’optique

Contexte

Comment l’image photographique peut-elle exposer le réel, et dans le même temps du regard suggérer l’hyper réel voire le surréel ? C’est un réalisme irréprochable aussi parfait qu’irréel que nous offre cette photographie de Cyril Abad. Une sorte d’image piège, de trompe-l’oeil que nous nous proposons ici de décomposer.

Prise « au bon moment », cette photographie particulièrement graphique, vive et propre, relève de l’oeil affuté de l’artiste qui capture dans la rue un instantané, à la manière des photographes humanistes. Pourtant, quelque chose dans cette photo, nous laisse perplexe, confus. Trop léchée, trop nette, trop réaliste... Trop juste. Elle ressemble à une image de studio. Cette netteté sur une surface si étendue n’est pas conforme à la vision humaine. Sa perfection est excessive. L’effet plastique écrase l’anecdote. C’est pourquoi, le dispositif qui nous est proposé ici s’applique à remettre à niveau les profondeurs de la scène que l’image en deux dimensions absorbe. L’image plane, surface surréelle, reprend alors contact avec le réel, le contingent.