Focus | 13 mises au point concernant la question du « fait photographique »

Toute ouïe

Contexte

La photographie « Chaos » de Guillaume Chamahian nous place face devant ce silence particulier que tout spectateur vit face à une photographie. Une absence qui l’oblige à convoquer d’autres sens, aux risques d’interprétations erronées. Approchez-vous de la photographie proposée par Léa Moissette en écho à celle de Guillaume Chamahian. Tandis qu’elle s’effacera lentement, des sons appartenant à la scène de la photo deviendront audibles. Prêtez l’oreille comme l’on prête l’oeil.

Toute photographie ne rend compte du réel que de façon extrêmement partielle. Ce que j’y vois n’est que ce qu’il m’est possible de percevoir et donc de ressentir. Difficile d’y percevoir réellement les pensées de son auteur, la réalité du contexte, la force intrinsèque de l’instant qui a obligé la prise
de vue. Pas de son, pas d’odeur. L’expérience ici proposée exprime cette contre forme de l’image photographique qui souvent semble faire défaut et limiter son accès. Un hors champ multisensoriel. Ce dispositif expose une unique photographie : celle d’un restaurant fermé en temps
de pandémie. Activés par notre présence, les sons se substituent peu à peu à l’image qui s’efface. Apparaissent des sons de la vie d’avant : des rires, des assiettes qui s’entrechoquent et des applaudissements appartenant à une autre histoire. Enfin, l’immersion cesse et la photographie réapparaît.