La couleur au-delà de l’image dans la pensée et dans l’art primo-renaissants.
Aucune image ancienne ne reproduit le réel avec une scrupuleuse exactitude colorée dans l’acception moderne du terme. Lorsqu’un auteur évoque une teinte, lorsqu’un artiste produit une image qui reproduit une couleur, rien ne permet d’affirmer qu’il s’agit effectivement de la couleur exactement observée. Mais cela n’implique pas pour autant que ce ne soit pas non plus la vraie nuance qui est ainsi reproduite. Car avant d’être une réalité chromatique, la couleur est une affirmation culturellement, symboliquement et idéologiquement déterminée. Ainsi, n’oublions pas que le spectre coloré et l’ordre spectral sont des mises au point des scientifiques du XVIIe siècle, que la loi du contraste simultané des couleurs a été énoncée en 1839 seulement par Eugène Chevreul. Enfin, que l’articulation entre couleurs primaires et secondaires ne s’impose qu’avec la réémergence de la reproduction colorée de masse, à la fin du XIXe siècle. C’est donc à une exploration des pratiques colorées imprimées anciennes depuis leur premiers usages jusqu’à leur aporie doctrinale, le chromoclasme, que nous vous invitons au travers de cette communication.